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Un stage sans dommage

Témoignage

Comment faire du premier stage un plongeon réussi dans le grand bain soignant ? Voici quelques pistes pour éviter les écueils et tirer le meilleur profit du premier stage infirmier.

« Les étudiants ont, en majorité, entre 17,5 et 20 ans, remarque Isabelle Bouyssou, directrice des instituts de formations paramédicales du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. Ils abordent ce stage avec des représentations du métier souvent édulcorées et emphatiques. La plupart n’ont jamais côtoyé le milieu et découvrent des problématiques auxquelles ils n’ont jamais été confrontés : le grand âge, la nudité, les odeurs…, voire la souffrance et la mort. »

Se préparer au terrain

Une naïveté bien normale que les formateurs s’emploient à lever avant ce premier stage d’observation de cinq semaines, dit de « consolidation du projet de formation ». Chaque IFSI est autonome quant à sa planification mais, en règle générale, il ne précipite pas la date du début du stage afin d’y préparer les étudiants. Une première voie consiste à leur transmettre les premiers gestes techniques (faire un lit, une toilette, prendre des paramètres vitaux…), mais aussi quelques clés de compréhension (les types de patients, le rôle et la place de chacun dans le service…) afin de se repérer dans l’équipe.

La préparation consiste en outre, explique Isabelle Bouyssou, à « travailler les représentations des étudiants sur la profession, pour réajuster leur regard et aussi à renforcer leur sentiment d’efficacité personnelle, afin qu’ils ne se sentent pas inutiles ou même un poids dans le service. » Cela passe par des techniques de coaching : jeux de rôle, hakas (danse rituelle chantée) motivants ou des exercices où chacun note sur un papier les aspects positifs d’une personne afin de lui donner confiance.

Un stage pour confirmer (ou infirmer) son orientation

Nous avons bénéficié d’entretiens individuels pédagogiques avant le stage où l’on nous a interrogés sur nos motivations, notre projet et sur ce que nous imaginions des études infirmières, témoigne Téa, étudiante en IFSI à Lyon. C’était important car je suis entrée en école sans entretien de motivation ni rencontre avec un professionnel. J’avais une image de l’infirmière par les séries télé ou les reportages pendant la crise Covid. » Lors de son premier stage, qu’elle aurait aimé dans un service en court séjour, Téa est envoyée en Ehpad : "D’autres filles ont été dégoûtées et ont même arrêté leur année. Moi, au contraire, j’ai découvert et beaucoup apprécié le contact avec les personnes âgées. Lors de mes premières toilettes, j’étais avec une aide-soignante qui m’a montré les gestes. J’ai compris que le bon soin, c’est celui que l’on aimerait recevoir en tant que patient."

Verbaliser ses impressions

À l’IFSI Saint-Joseph, la brochure Mon stage sans stress conseille l’étudiant désemparé : prendre contact avec son tuteur, avec le cadre, avec l’IFSI… qui intervient, si besoin, pour faire de la médiation. Chaque étudiant bénéficie d’une visite sur le terrain par un cadre formateur à la fin de la deuxième ou troisième semaine : « Souvent, ils n’appellent pas au secours, par peur des représailles, regrette Isabelle Bouyssou. Nous n’intervenons qu’à leur demande. Il faut que l’étudiant verbalise ses difficultés et adopte un comportement adulte. Rien de pire que la fuite ou la désertion ! » Autres dispositifs efficaces : les échanges avec les pairs. Un parrainage par les deuxièmes années et/ou des rencontres formalisées avec les étudiants issus de la formation professionnelle continue (en particulier les aides-soignantes), s’avère un soutien précieux.

 

Suzanne Nemo

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